vendredi 19 juin 2015

Le statut de mère célibataire en général et qui cherche un appartement en particulier

Avec la mairie rien n’est sûr. Donc je ne reste pas les bras croisés à attendre. Je cherche aussi par mes propres moyens.

Je suis des groupes Facebook sur les logements. J’ai des alertes sur Logic Immo, Se loger, le Bon coin, PAP…

Les annonces, elles sont déprimantes. Pourquoi ? Parce que ce que je cherche n’existe presque pas. Les dossiers demandés sont tous plus exagérés les uns que les autres. Revenus net de plus de de 3 fois le montant du loyer, parfois plus – notamment pour le site Loc’Annonces de la Ville de Paris. Avoir un garant. Avoir une caution parentale. Etre en CDI, hors période d’essai ou préavis. Tout ça pour avoir la salle de bain / cuisine / WC dans la même pièce. Un 2 pièces en rez de chaussée dans une impasse réputée pour servir de déchèterie, d’urinoir et de vomissoir tous les weekends. Si si je vous jure. Je les ai vu.

Les loueurs, ils sont déprimants. Les particuliers sont inquiets, les agences sont blasées.
Les particuliers vous font comprendre que vous n’êtes pas à la hauteur comme mère. 2 enfants dans 45m2, vous n’aurez jamais assez de place ? 1 seule chambre, mais vous n’y pensez pas ? Un garçon et une fille dans la même chambre, mais dans 2 ans c’est le collège, il va avoir besoin de son espace le grand. Sachez mesdames et monsieurs les donneurs de leçon, que d’avoir un toit serait déjà bien. Même petit. On est pas regardant quand on a rien.

Les agences… vous répondent à peine. Ce serait tellement mieux de louer à un homme célibataire plus jeune que moi. Pourquoi je vous dis ça ? J’ai fait le test. Une mère célibataire avec 2 enfants qui ne touche même pas de pension alimentaire, c’est une galérienne. Une fille qui n’a pas de chance et qui va avoir du mal. C’est pas successful. C’est pas vendeur. C’est pas safe. Un homme célibataire par contre, avec les même revenus, et bien il va forcément rencontrer quelqu’un, progresser dans sa carrière, donc gagner plus d’argent. Comme si la maternité tuait nos aspirations professionnelles, comme si le célibat nous rendait moins intelligente. Le manque de toit par contre pourrait effectivement poser problème pour l’investissement professionnel.

Le pire, c’est que non, je ne me reconnais pas dans ce stéréotype. Oui le père des enfants n’est pas franchement là, mais c’est son problème, pas le mien. Oui c’est dur en ce moment. Mais je sais que on va s’en sortir. Je sais que c’est juste un mauvais moment à passer. Parce que je suis optimiste. Parce que j’ai une vraie maman. Parce que j’ai des vrais potes. Parce que je suis peut être célibataire, mais je ne suis pas seule. J’ai du soutien autour de moi. Mais tout ça, ça ne compte pas sur le dossier. Ce qui compte sur le dossier c’est que je suis seule, j’ai deux enfants, un revenu un peu trop juste pour me loger correctement.

Et franchement, ça me fait froid dans le dos pour les autres. Celles qui gagnent moins que moi. Parce que y en a plein en vrai. Forcément. Elles font comment pour boucler leur fin de mois ? Comment font-elles pour gérer leurs enfants ? les nourrir ? les habiller ? tout en travaillant. Je les admire.

Et y a encore plus dur, comment font les femmes battues coupées de la société par leur bourreau qui souhaitent partir après plusieurs années ? Détruites par un homme qu’elles ont aimé. Qui parfois leur a fait des enfants. Au passage, vous savez ce qui déclenche la violence chez ces Cons ? Emménager ensemble, le mariage, la grossesse. Ces trois étapes là, sont des étapes ou vous passez dans leur inconscient d’être humain à objet qui leur appartient. Ces trois étapes là sont des étapes ou la femme n’a pas toujours la force de partir ou parce qu’elle ne le peut pas (je ne les blâmes pas, la mairie ne les aidera pas). Et parce que après les coups ou les insultes viennent les excuses et les déclarations d’amour exaltées. Les excuses sont souvent minables, mais ça on s’en rend compte plus tard. A travers les excuses ils veulent nous culpabiliser. Nous rendre responsable au moins en parti de ce qui s’est passé. Ce sont des Cons. Et la société vient nous achever ; elle nous culpabilise, nous regarde de travers : qu’avons-nous fait pour qu’il en arrive là ? ou ma préférée, pourquoi elle n’est pas partie plus tôt ?

En résumé, j’aimerais que vous compreniez que être mère célibataire avec deux enfants, ça ne devrait pas vouloir dire cas social, difficulté, problème. En vrai ça veut dire : stable, débrouillarde, courageuse, ingénieuse. Parce que je mets au défi quiconque de pas devenir un as de l’organisation et du sang froid quand sur la même semaine vous devez gérer une fin de dossier un peu chaud, l’otite de la petite, la grève de l’instit du grand (que je soutiens au passage). Vous pouvez remplacer allègrement par ce que vous voulez, quand on est seule avec les enfants y a toujours un truc : baby-sitter qui nous lache, maladie des enfants, grève des transports, heures supplémentaires à faire, RER en retard. Et malgré tout, on trouve le temps pour le mot pour la maitresse, la préparation du pique-nique pour la sortie, l’histoire du soir, les histoires de cours de récrés, les câlins. Tout en travaillant, la maison est rangée. Les lessives sont faites. Les courses aussi. Après tout ça, je vous le dis, vous êtes fiables. Vous courez partout. Vous êtes fatigués, voir épuisés. Mais vous êtes fiables. Et très organisés. Par contre être mère de famille célibataire sans logement, cela vous plonge dans l’angoisse et le chaos. Et ça, c’est très mauvais pour l’organisation.



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