vendredi 19 juin 2015

Le K-SVP

Le CASVP du XIeme… un grand moment. Pour les novices, c’est le Centre d’Actions Sociale de la Ville de Paris. Il y en a 1 par arrondissement, je crois. Prononcer K – SVP. Si vous êtes dans mon cas et dans le 11eme, retenez bien le SVP de la fin. Là-bas, si vous êtes mère de famille célibataire avec des revenus décents, vous n’aurez rien. Vous pouvez pleurer, vous pouvez supplier, vous pouvez rester calme et digne, vous pouvez vous effondrer : vous n’aurez rien. Même pas de la compassion. J’y suis allée 2 fois. Je les déteste. En sortant à chaque fois, j’ai juste l’impression que je ne m’en sortirais jamais.

Je vous explique. La première fois, j’y suis allée le lendemain de mon départ soudain. Pour me renseigner pour les logements, les logements d’urgences, etc… une fois dans le bon service, la conversation s’est à peu près déroulée ainsi :

-          Bonjour, je viens me renseigner pour les logements, car je viens de quitter mon domicile suite à des violences de la part de mon conjoint. Je suis seule avec mes 2 enfants.
-          Vous êtes partie de votre domicile ?
-          Oui, hier.
-          Donc vous n’êtes plus résidente du XIème ? 
-          Heu… ben…
-          Désolée on ne peut rien pour vous.

Je ne vais pas vous raconter mon désarroi. Ni comment je me suis juste effondrée devant cette femme froide, grasse et avachie dans son fauteuil. Ça ne sert à rien. Sachez juste que du coup ils m’ont quand même reçue. Après avoir m’avoir bien fait comprendre que j’étais SDF.

Pendant ce rendez-vous, j’ai donc dû expliquer ce qui est arrivé. Et répondre à des questions sur mes doutes sur le Con à élever ses enfants ; il en a 2. Sur 1 heure d’entretien, le cher monsieur assistant social a passé 15 minutes à discuter avec moi pour me donner la liste des bailleurs sociaux de Paris qui acceptent les candidatures spontanées et le numéro du 115, ensuite il m’a expliqué que tout le monde veut habiter Paris mais tout le monde ne peut pas habiter Paris. Et pourquoi je n’irais pas en banlieue ? Si j’étais raisonnable, j’accepterais de m’éloigner de 20/30 km de Paris, ainsi je pourrais me reloger plus facilement. Si j’étais raisonnable ? Mes enfants sont scolarisés dans le 11eme. Nous étions en décembre. Allez savoir pourquoi j’étais déraisonnable de penser que les déscolarisés en milieu d’année ça pouvait les perturber. Comme si ils ne l’étaient pas déjà assez. Le reste du temps, donc 45 min pour les nuls en math, j’ai dû répondre à ses questions sur le Con.

Je suis donc sortie sans aide, sans réponse et surtout, surtout, découragée, abasourdie, dégoutée, effondrée, affolée… Je vous le redis, je les déteste au K-SVP du 11.

J’ai trouvé un logement. Ah oui, je ne vous ai pas dit ? Je ne suis pas pauvre. Enfin pas vraiment. Pas pour les statistiques. Bref j’ai trouvé un meublé. 47m2. 1400EUR. 15 min de l’école en prenant le bus ou le vélo. Via une annonce FB laconique. La sœur d’une copine de copine. Facebook 1 / K-SVP 0.

J’ai dû rendre le dit logement plus tôt que je ne le pensais. Et rapidement. Donc je suis re-sans logement. On s’y fait ? Et bien non. Je crois que on ne s’y fait jamais. D’abord faut mettre ses affaires à la cave. Garder le minimum pour le camping à droite à gauche. Ensuite faut vivre chez quelqu’un. Se faire petit. Dans un 50m2 avec une mère célibataire et sa fille. Bien sûr, c’est très facile de se faire petit. De trouver quelqu’un qui vous héberge. Vous fait de la place dans son chez-elle et dans son quotidien.

Donc retour à la case départ. Je retourne au CASVP avant de devoir quitter mon logement. Et là, deuxième grand moment. Deuxième conversation kafkaïenne :

-          Madame avez-vous une quittance de loyer sur vous ?
-          Heu non. Je n’en ai pas.
-          Il faut nous en apporter une pour être reçue.
-          En fait je n’en ai pas du tout, car ma proprio ne m’en a jamais faite.
-          Demandez-lui en une, c’est dans la loi, elle ne peut pas vous le refuser.
-          Madame, je suis à la rue dans 15 jours. Est-ce que je peux voir quelqu’un maintenant et je vous en donnerais une dès que je l’ai reçu ?
-          Non.

Je vous passe le reste de la conversation. Quand j’ai commencé à perdre mon sang froid et à avoir les larmes qui me montaient aux yeux, j’ai vu la personne de l’accueil du 2eme étage se fermer comme un magasin qui ferme son rideau le soir. Elle s’est carrément détachée de moi. Elle ne me regardait plus. Ne m’écoutait plus. Et me répétait la même phrase : « Revenez quand vous aurez votre quittance de loyer ». Elle continuait ses trucs sur son ordinateur.

Je vous le redis encore une fois, je déteste le CASVP du 11eme. Même si je dois bien admettre que je n’ai jamais vraiment rencontré une assistante sociale.

Pour ceux que ça intéresse j’ai appris 2 choses depuis :
-          Vous êtes toujours considéré résident par les services sociaux de la Mairie jusqu’à au moins 3 moins après votre départ.
-          Le CASVP est normalement obligé de vous recevoir, avec ou sans vos papiers.



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