vendredi 19 juin 2015

Les droits et les obligations

Maintenant vous l’avez bien compris je suis mère célibataire de deux enfants. Leur père est donc mon ex mais ce n’est pas le Con (au cas ou vous aviez un doute). Nous avons passé 15 ans ensemble. Il voit ses enfants quand il veut ; il vous dirait surement comme il peut. Il ne verse pas de pension alimentaire ;  lui vous dirait surement qu’il ne le peut pas pour l’instant. D’après lui, il fait de son mieux.

Je dois répondre à cette demande : prouver que je ne perçois pas de pension alimentaire. Comment on prouve ce qu’on n’a pas ?

C’est le droit des enfants que leur père participe à leur éducation, et donc verse une pension alimentaire. C’est donc normalement une obligation légale pour lui de me verser de l’argent.

C’est droit du père de voir ses enfants. C’est donc une obligation légale pour la mère de faire en sorte que cela soit possible.

A toute règle ses exceptions et bien sûr, il existe un tas de variante autour de ce sujet. Les résidences alternées, le père qui en a la garde. Pour les familles homoparentales, c’est pareil. Le résultat reste cependant que en France aujourd’hui, dans la majorité des cas, c’est la mère qui en a la garde. C’est la mère qui se démène pour les éduquer. Et surtout ce sont une majorité écrasante de mères silencieuses qui font avec un père défectueux.

C’est important finalement le droit. Mais ce qui est plus important encore c’est la hiérarchie du droit. Le droit familial comme beaucoup de chose attenante à la sphère privée, marche sur la tête. Connaissez-vous beaucoup de situation dans lesquelles pour faire valoir vos droits reconnus de tous, acquis depuis des années, vous deviez d’abord passer chez le juge ? J’ai fait un peu de droit à la fac. Je n’ai pas fait de recherches poussées sur le sujet. D’abord parce que j’écris mes textes d’un seul jet, pour vider la colère qui me prend parfois à cause de ma situation. Ensuite parce que à cause de ma situation je sais pertinemment que la perception est souvent plus importante que la réalité.

Donc mes enfants devraient toucher une pension alimentaire de leur père, c’est leur droit. Ils ne la touchent pas. Pour faire valoir leur droit, je dois dépenser 1500 EUR au moins en frais d’avocats et de justice. Pas parce que je demande un montant particulier. Pas parce que je suis une femme aigrie qui ne pense qu’à faire payer l’ex qui est parti avec une autre. Non juste pour faire valoir le droit de mes enfants. Ils sont nés, ils en ont le droit. Mais ce droit-là n’est pas automatique. Soit le père est sérieux, et décide de verser une pension, soit il ne l’est pas. Mais dans ce cas précis il a le choix. Il ne se fera pas rattraper.

Alors que c’est un droit, la pension alimentaire. Ça fait plus de 3 ans que j’en parle. Je ne demande pas de montant particulier. C’est pour le principe avant tout. Mais je dois payer pour l’obtenir. Et je ne peux pas demander au juge le remboursement de ces frais que je n’aurais pas dû avoir à dépenser pour l’obtenir. Là je parle d’expérience. Tous les avocats familiaux que j’ai rencontrés m’ont dit la même chose. Impossible. Cela ne se fait pas.
Ça ne se fait pas ? Pourtant, sur d’autres sujets ça se fait. Dans un procès, la partie qui se sent lésée demande souvent le remboursement des frais d’avocats, puisque c’est le fait même qu’un tiers ai enfreint la loi qui vous a amené à faire ses dépenses. Alors même que c’est reconnu par la loi, le droit des enfants à recevoir une pension alimentaire, l’obligation du père à participer aux frais financiers inhérants à leur éducation. Alors même que toute la société est au courant. Vous ne pouvez pas demander le remboursement des frais de justice.

Si vous connaissez un avocat qui est prêt à vraiment défendre le remboursement des frais de justice, je suis preneuse. Cela m’intéresse plus que le montant de la pension ces remboursements. Parce que il en va de mon envie de lui claquer au visage : je t’avais dit que peu importe tes revenus tu dois participer. De mon envie que les mères de famille célibataires en finissent une fois pour toutes avec cette impression de devoir réclamer une aide. Oui carrément. Que tous ces pères indignes qui se rebiffent avec des « je ne gagne pas assez », « si je fais ça je n’ai plus d’argent », comprennent enfin une chose : les enfants sont une priorité. Vous avez eu l’occasion de choisir d’en avoir ou pas. Vous avez eu l’occasion de mettre une capote. Vous ne l’avez pas fait. Et bien ils sont là maintenant. A nous parents de les élever. Et tout n’incombe pas à la mère. Non. Sous prétexte que vous ne vivez plus sous le même toit, vous avez une obligation vis-à-vis d’eux.


Et la seconde raison pour laquelle je ne suis toujours pas passée devant le juge ? S’il ne pait pas la pension alimentaire, je devrais encore déboursé des frais pour essayer d’être payée. En France, si on ne paie pas de pension alimentaire, on ne risque pas grand-chose. Si on ne nourrit pas ses enfants, on risque de se les faire retirer pourtant. Vous voyez ? Encore un truc qui marche sur la tête et dont nous faisons les frais. 

Le statut de mère célibataire en général et qui cherche un appartement en particulier

Avec la mairie rien n’est sûr. Donc je ne reste pas les bras croisés à attendre. Je cherche aussi par mes propres moyens.

Je suis des groupes Facebook sur les logements. J’ai des alertes sur Logic Immo, Se loger, le Bon coin, PAP…

Les annonces, elles sont déprimantes. Pourquoi ? Parce que ce que je cherche n’existe presque pas. Les dossiers demandés sont tous plus exagérés les uns que les autres. Revenus net de plus de de 3 fois le montant du loyer, parfois plus – notamment pour le site Loc’Annonces de la Ville de Paris. Avoir un garant. Avoir une caution parentale. Etre en CDI, hors période d’essai ou préavis. Tout ça pour avoir la salle de bain / cuisine / WC dans la même pièce. Un 2 pièces en rez de chaussée dans une impasse réputée pour servir de déchèterie, d’urinoir et de vomissoir tous les weekends. Si si je vous jure. Je les ai vu.

Les loueurs, ils sont déprimants. Les particuliers sont inquiets, les agences sont blasées.
Les particuliers vous font comprendre que vous n’êtes pas à la hauteur comme mère. 2 enfants dans 45m2, vous n’aurez jamais assez de place ? 1 seule chambre, mais vous n’y pensez pas ? Un garçon et une fille dans la même chambre, mais dans 2 ans c’est le collège, il va avoir besoin de son espace le grand. Sachez mesdames et monsieurs les donneurs de leçon, que d’avoir un toit serait déjà bien. Même petit. On est pas regardant quand on a rien.

Les agences… vous répondent à peine. Ce serait tellement mieux de louer à un homme célibataire plus jeune que moi. Pourquoi je vous dis ça ? J’ai fait le test. Une mère célibataire avec 2 enfants qui ne touche même pas de pension alimentaire, c’est une galérienne. Une fille qui n’a pas de chance et qui va avoir du mal. C’est pas successful. C’est pas vendeur. C’est pas safe. Un homme célibataire par contre, avec les même revenus, et bien il va forcément rencontrer quelqu’un, progresser dans sa carrière, donc gagner plus d’argent. Comme si la maternité tuait nos aspirations professionnelles, comme si le célibat nous rendait moins intelligente. Le manque de toit par contre pourrait effectivement poser problème pour l’investissement professionnel.

Le pire, c’est que non, je ne me reconnais pas dans ce stéréotype. Oui le père des enfants n’est pas franchement là, mais c’est son problème, pas le mien. Oui c’est dur en ce moment. Mais je sais que on va s’en sortir. Je sais que c’est juste un mauvais moment à passer. Parce que je suis optimiste. Parce que j’ai une vraie maman. Parce que j’ai des vrais potes. Parce que je suis peut être célibataire, mais je ne suis pas seule. J’ai du soutien autour de moi. Mais tout ça, ça ne compte pas sur le dossier. Ce qui compte sur le dossier c’est que je suis seule, j’ai deux enfants, un revenu un peu trop juste pour me loger correctement.

Et franchement, ça me fait froid dans le dos pour les autres. Celles qui gagnent moins que moi. Parce que y en a plein en vrai. Forcément. Elles font comment pour boucler leur fin de mois ? Comment font-elles pour gérer leurs enfants ? les nourrir ? les habiller ? tout en travaillant. Je les admire.

Et y a encore plus dur, comment font les femmes battues coupées de la société par leur bourreau qui souhaitent partir après plusieurs années ? Détruites par un homme qu’elles ont aimé. Qui parfois leur a fait des enfants. Au passage, vous savez ce qui déclenche la violence chez ces Cons ? Emménager ensemble, le mariage, la grossesse. Ces trois étapes là, sont des étapes ou vous passez dans leur inconscient d’être humain à objet qui leur appartient. Ces trois étapes là sont des étapes ou la femme n’a pas toujours la force de partir ou parce qu’elle ne le peut pas (je ne les blâmes pas, la mairie ne les aidera pas). Et parce que après les coups ou les insultes viennent les excuses et les déclarations d’amour exaltées. Les excuses sont souvent minables, mais ça on s’en rend compte plus tard. A travers les excuses ils veulent nous culpabiliser. Nous rendre responsable au moins en parti de ce qui s’est passé. Ce sont des Cons. Et la société vient nous achever ; elle nous culpabilise, nous regarde de travers : qu’avons-nous fait pour qu’il en arrive là ? ou ma préférée, pourquoi elle n’est pas partie plus tôt ?

En résumé, j’aimerais que vous compreniez que être mère célibataire avec deux enfants, ça ne devrait pas vouloir dire cas social, difficulté, problème. En vrai ça veut dire : stable, débrouillarde, courageuse, ingénieuse. Parce que je mets au défi quiconque de pas devenir un as de l’organisation et du sang froid quand sur la même semaine vous devez gérer une fin de dossier un peu chaud, l’otite de la petite, la grève de l’instit du grand (que je soutiens au passage). Vous pouvez remplacer allègrement par ce que vous voulez, quand on est seule avec les enfants y a toujours un truc : baby-sitter qui nous lache, maladie des enfants, grève des transports, heures supplémentaires à faire, RER en retard. Et malgré tout, on trouve le temps pour le mot pour la maitresse, la préparation du pique-nique pour la sortie, l’histoire du soir, les histoires de cours de récrés, les câlins. Tout en travaillant, la maison est rangée. Les lessives sont faites. Les courses aussi. Après tout ça, je vous le dis, vous êtes fiables. Vous courez partout. Vous êtes fatigués, voir épuisés. Mais vous êtes fiables. Et très organisés. Par contre être mère de famille célibataire sans logement, cela vous plonge dans l’angoisse et le chaos. Et ça, c’est très mauvais pour l’organisation.



Les élus et les logements de la Ville de Paris

Ah les élus. Les élus sont des personnes plus ou moins investies de leur mission, que vous pourrez rencontrer si vous êtes chanceux pendant leur permanence pour ceux qui en tiennent. D’abord il faut arriver à les joindre ces chers élus. Et oui… Et ça, je ne peux pas vous donner de conseils, à part : persévérer. Et les emails ne servent à rien. Parce que j’ai rencontré l’adjoint au maire de la mairie du XI et il reçoit en moyenne 700 emails par semaine de demande de rendez-vous. Forcément il ne peut pas tous les honorer. Il suit 40 dossiers simultanément.  

Il est très humain l’adjoint au maire du XI. Monsieur Bastien Recher. Je me permets de mettre son nom parce que je l’ai vu, et surtout son nom est sur le site de la mairie, ce n’est pas un secret. Il pourrait donner des cours aux personnes de l’accueil du CASVP.

Il n’y a pas assez de logements sociaux à Paris. C’est un fait. C’est comme ça. Tout le monde le sait. Il n’y a d’ailleurs pas assez de logement tout court, vu le prix des loyers dans le privé. Le problème des logements sociaux à Paris en plus de leur nombre insuffisant, c’est plutôt l’organisation kafkaïenne. C’est un peu comme si ça marchait sur la tête.
Donc il n’est pas magicien, il ne m’a pas trouvé de solution. Il m’a dit qu’il allait faire le tour des commissions. Les commissions. C’est un sketch. Quoi que vous ayez besoin, faut attendre la commission. Peut importe votre délai, votre situation, votre urgence. C’est la commission qui décide. Et une commission ça n’a pas lieu en fonction de vous. C’est vous qui devez vous plier à la commission. D’abord, suivant vos revenus, il y a plusieurs catégories, vous ne pouvez pas prétendre à tout. Soit. La mixité, le besoin de rentabiliser les logements, etc… je comprends. Il en faut pour tout le monde. Je comprends. Mais je vous rappelle que je suis sans logement. Mon empathie est limitée. Parce que on peut difficilement faire pire comme urgence non ? Malgré tout, il m’a demandé 1 mois pour me répondre. Pas pour me proposer un logement hein. Non pour faire un point sur ma situation. L’urgence est futile face au calendrier des commissions. Ce n’est pas un facteur que la mairie sait gérer.

Ensuite malgré ma situation familiale, on ne peut pas me donner de délai. Je vous le rappelle j’ai 2 enfants. Ma fille rentre en CP en septembre. Je ne pense pas être complètement à côté de la plaque quand je voudrais savoir où elle va faire sa rentrée de CP. Mais le délai n’est pas une réponse possible. Ce n’est pas une réponse que la mairie sait donner.

Je vis dans le 11eme depuis 10 ans. J’ai deux enfants. Je me répète je sais. Mais je connais mon quartier. J’y suis connue. Et vous savez quoi ? Les gens écoutent. Les gens parlent. Je sais que des personnes logées dans des appartements de la RIVP ou Paris Habitat souhaiteraient des appartements plus petits. Qu’ils en ont fait la demande. Certains sont prêts à payer un loyer identique pour une surface moindre à condition de rester dans le même quartier. D’autres ont besoin d’être relogés dans des appartements plus petits pour payer un loyer inférieur car ils ne peuvent plus faire face à leurs charges suite à un changement de situation. Et tous sont dans le XI. J’aimerais bien reprendre un de ces appartements. Et bien vous savez quoi ? Ce n’est pas possible. Les personnes qui ont demandé à être relogés, ils attendent ou ont carrément essuyé des refus des services de la Ville de Paris parce que c’est trop compliqué à gérer. Et je ne peux pas non plus demander de postuler sur un logement vide ou bientôt vide ou mieux bientôt livré. Ce n’est pas une méthode que la mairie sait gérer.

Je suis prête à changer d’arrondissement. Parce que l’école de mon fils qui est en CM1 est proche du X, XIX et XX, je voudrais rester proche de son école pour ne pas le couper de ses copains et de ses repères. Donc trouver un compromis entre changer de quartier et le laisser scolarisé dans son école. Je voudrais donc la garantie d’être relogée dans un quartier spécifique. Pour la stabilité, la sécurité et le bonheur de mes enfants. Ce n’est pas une garantie que la mairie peut me donner.

Par contre, savez-vous ce que le formulaire de demande de logement de la Ville comprend ? Si je souhaite un balcon, un parking, un ascenseur, un étage, une baignoire. Mais comment on écrit sur un formulaire que je suis juste une mère de famille qui veut trouver une stabilité avec ses enfants pour tourner la page sur une soirée noire de décembre ? Je suis juste une femme qui veut avancer. Je ne veux pas regarder en arrière. Je ne veux pas de la pitié ou de la compassion. Mes enfants et moi avons le droit à un logement. Comment je leur explique à mes enfants que nous nous sommes à la rue, mais le Con a toujours un toit ?


En résumé. J’ai un revenu. Je suis seule avec mes enfants. J’ai été victime de violences conjugales. Je n’ai aucun support du père de mes enfants. Je suis sans logement. J’ai donc des points. Plein de points. Mais pas de logement. Pas de délai. Pas d’idée de lieu géographique. Parce que la mairie ne sait pas faire. No comment. 

La PSA

Non rien à voir avec les voitures. C’est la Permanence Sociale d’Accueil. En gros c’est le CASVP pour ceux qui n’ont pas de logement. Vous voyez ? Je suis cadre, je gagne correctement ma vie, j’ai 2 enfants, j’ai 38 ans, j’ai toujours travaillé, je n’ai jamais redoublé. Et je me retrouve à la permanence sociale pour faire une domiciliation, c’est-à-dire pour avoir une adresse. Et pour avoir une assistante sociale qui s’occupe de nous. Vous voyez ce que j’essaie de vous dire ? Je ne devrais pas à avoir à aller là-bas.

Les locaux de la PSA sont propres. C’est bien tenu. C’est petit. C’est vieux. C’est mal fichu. Il fait trop chaud l’été. Y fait-il trop froid l’hiver ? Ils sont hyper gentils à la PSA. Que des gens qui regardent tout le monde dans les yeux. Qui répondent à vos questions. Répètent 100 fois les mêmes discours usés. Qui ont l’air de faire de leur mieux avec aucun moyen.

Je vois enfin une assistante sociale. A qui j’explique ma situation. En gros, faut que je continue à chercher dans le privé, mais je serais contactée rapidement quand on m’aura attribuée une assistante sociale. Ils sont carrés à la PSA.

J’ai patienté environ 1h20 dans la salle d’attente pour être reçue. J’ai vu une jeune mère de famille avec deux petites filles qui ne savait pas où dormir le soir même. Avec ses deux petites filles. Une femme retraitée en attente d’une place en maison de retraite car elle n’avait pas de logement à elle. Une femme seule d’une quarantaine d’années qui devait quitter son logement provisoire chez les sœurs le lendemain.

Et je ne m’en suis pas rendue compte tout de suite mais… j’ai un point commun avec toutes les personnes présentes. Vous le voyez ? Ça vous choque autant que ça m’a choqué moi en sortant quand j’ai réalisé ? Le seule point commun entre toutes les personnes présentes ce n’est pas la nationalité, ce n’est pas la langue, ce n’est pas l’âge, ce n’est pas la CSP. C’est le genre. Je suis une femme. Il n’y avait que des femmes. Et là je me suis rappelée les articles lus ça et là, et j’avais les faits devant les yeux : les femmes sont les premières victimes de la précarité. Et moi aussi donc. Je fais partie de ces statistiques là aussi. A cause d’un Con, faut-il le rappeler ?

Je suis sortie de chez eux toute petite, submergée, dépassée. Avec un sentiment horrible d’impuissance face à la misère. J’admire les travailleurs sociaux. Vraiment. Tous les jours, ils font face à ça. Tous les jours, ils essaient d’aider les autres, font preuve de compassion, d’humanité. Je ne sais pas comment ils tiennent.

Pour ceux qui auraient un jour à y faire un tour, pensez à prendre les documents suivants, ça vous fera gagner du temps :
-          Pièce d’identité de vous et vos enfants, ou au moins leur extrait de naissance
-          Fiche de salaire
-          Dernier avis d’imposition



Le K-SVP

Le CASVP du XIeme… un grand moment. Pour les novices, c’est le Centre d’Actions Sociale de la Ville de Paris. Il y en a 1 par arrondissement, je crois. Prononcer K – SVP. Si vous êtes dans mon cas et dans le 11eme, retenez bien le SVP de la fin. Là-bas, si vous êtes mère de famille célibataire avec des revenus décents, vous n’aurez rien. Vous pouvez pleurer, vous pouvez supplier, vous pouvez rester calme et digne, vous pouvez vous effondrer : vous n’aurez rien. Même pas de la compassion. J’y suis allée 2 fois. Je les déteste. En sortant à chaque fois, j’ai juste l’impression que je ne m’en sortirais jamais.

Je vous explique. La première fois, j’y suis allée le lendemain de mon départ soudain. Pour me renseigner pour les logements, les logements d’urgences, etc… une fois dans le bon service, la conversation s’est à peu près déroulée ainsi :

-          Bonjour, je viens me renseigner pour les logements, car je viens de quitter mon domicile suite à des violences de la part de mon conjoint. Je suis seule avec mes 2 enfants.
-          Vous êtes partie de votre domicile ?
-          Oui, hier.
-          Donc vous n’êtes plus résidente du XIème ? 
-          Heu… ben…
-          Désolée on ne peut rien pour vous.

Je ne vais pas vous raconter mon désarroi. Ni comment je me suis juste effondrée devant cette femme froide, grasse et avachie dans son fauteuil. Ça ne sert à rien. Sachez juste que du coup ils m’ont quand même reçue. Après avoir m’avoir bien fait comprendre que j’étais SDF.

Pendant ce rendez-vous, j’ai donc dû expliquer ce qui est arrivé. Et répondre à des questions sur mes doutes sur le Con à élever ses enfants ; il en a 2. Sur 1 heure d’entretien, le cher monsieur assistant social a passé 15 minutes à discuter avec moi pour me donner la liste des bailleurs sociaux de Paris qui acceptent les candidatures spontanées et le numéro du 115, ensuite il m’a expliqué que tout le monde veut habiter Paris mais tout le monde ne peut pas habiter Paris. Et pourquoi je n’irais pas en banlieue ? Si j’étais raisonnable, j’accepterais de m’éloigner de 20/30 km de Paris, ainsi je pourrais me reloger plus facilement. Si j’étais raisonnable ? Mes enfants sont scolarisés dans le 11eme. Nous étions en décembre. Allez savoir pourquoi j’étais déraisonnable de penser que les déscolarisés en milieu d’année ça pouvait les perturber. Comme si ils ne l’étaient pas déjà assez. Le reste du temps, donc 45 min pour les nuls en math, j’ai dû répondre à ses questions sur le Con.

Je suis donc sortie sans aide, sans réponse et surtout, surtout, découragée, abasourdie, dégoutée, effondrée, affolée… Je vous le redis, je les déteste au K-SVP du 11.

J’ai trouvé un logement. Ah oui, je ne vous ai pas dit ? Je ne suis pas pauvre. Enfin pas vraiment. Pas pour les statistiques. Bref j’ai trouvé un meublé. 47m2. 1400EUR. 15 min de l’école en prenant le bus ou le vélo. Via une annonce FB laconique. La sœur d’une copine de copine. Facebook 1 / K-SVP 0.

J’ai dû rendre le dit logement plus tôt que je ne le pensais. Et rapidement. Donc je suis re-sans logement. On s’y fait ? Et bien non. Je crois que on ne s’y fait jamais. D’abord faut mettre ses affaires à la cave. Garder le minimum pour le camping à droite à gauche. Ensuite faut vivre chez quelqu’un. Se faire petit. Dans un 50m2 avec une mère célibataire et sa fille. Bien sûr, c’est très facile de se faire petit. De trouver quelqu’un qui vous héberge. Vous fait de la place dans son chez-elle et dans son quotidien.

Donc retour à la case départ. Je retourne au CASVP avant de devoir quitter mon logement. Et là, deuxième grand moment. Deuxième conversation kafkaïenne :

-          Madame avez-vous une quittance de loyer sur vous ?
-          Heu non. Je n’en ai pas.
-          Il faut nous en apporter une pour être reçue.
-          En fait je n’en ai pas du tout, car ma proprio ne m’en a jamais faite.
-          Demandez-lui en une, c’est dans la loi, elle ne peut pas vous le refuser.
-          Madame, je suis à la rue dans 15 jours. Est-ce que je peux voir quelqu’un maintenant et je vous en donnerais une dès que je l’ai reçu ?
-          Non.

Je vous passe le reste de la conversation. Quand j’ai commencé à perdre mon sang froid et à avoir les larmes qui me montaient aux yeux, j’ai vu la personne de l’accueil du 2eme étage se fermer comme un magasin qui ferme son rideau le soir. Elle s’est carrément détachée de moi. Elle ne me regardait plus. Ne m’écoutait plus. Et me répétait la même phrase : « Revenez quand vous aurez votre quittance de loyer ». Elle continuait ses trucs sur son ordinateur.

Je vous le redis encore une fois, je déteste le CASVP du 11eme. Même si je dois bien admettre que je n’ai jamais vraiment rencontré une assistante sociale.

Pour ceux que ça intéresse j’ai appris 2 choses depuis :
-          Vous êtes toujours considéré résident par les services sociaux de la Mairie jusqu’à au moins 3 moins après votre départ.
-          Le CASVP est normalement obligé de vous recevoir, avec ou sans vos papiers.



Mère célibataire, 2 enfants, 1 chat, sans logement

Avec un titre pareil, vous pensez que je suis tombée enceinte à 16 ans, que j’ai quitté l’école et que je suis sans formation ? Ou que je suis juste une écervelée irresponsable ?

Vous avez tout faux. Je ne suis pas un stéréotype. Ou bien c’est moi qui ai tout faux ?

Mes 4 dernières années peuvent servir de mode d’emploi pour comment tomber dans la précarité en 2 temps.
Etape 1 : Séparation. Mais, ça arrive à des milliers de personnes ! Il y en a tellement des séparations, des divorces. Les parents d’enfants en CP ou plus grand savent bien que environ la moitié des copains de classe de leur enfant ont des parents séparés. Sauf si vous êtes dans ce cas, ou bien si vous en avez dans votre entourage proche, vous êtes-vous déjà vraiment interrogés sur ces mères seules avec leurs enfants, qui jonglent entre les transports, le boulot, les devoirs, les baby-sitters, les rendez-vous chez le docteur, les courses, le ménage et un père plus ou moins absent, plus ou moins égoïste…  Mais ce n’est pas dramatique, hein ? Y en a plein qui l’ont fait, aucune n’en est morte (quoi que …).

Etape 2 : tomber sur un Con. Là, je ne vais pas vous tirer une larme avec des faits sordides, parce que franchement, je n’en ai pas envie. Ce sont des circonstances. Chacune son histoire. Il n’y a pas d’échelle du sordide. Mon point commun avec les femmes qui ont subi la même chose n’est pas à chercher dans mon profil, mais dans celui du Con. Ce qu’il faut savoir c’est que le Con ce n’est pas moi, c’est l’autre. Celui qui vous devriez regarder de travers, ce n’est pas moi, c’est l’autre. Celui qui a dépassé des limites et qui le savait, ce n’est pas moi c’est l’autre. Celui qui m’a confondu avec une assiette ou un pot de fleur, ce n’est pas moi c’est l’autre. C’est celui qui m’a fait croire qu’il était un mec bien, mais qui peu de temps après notre emménagement ensemble, a cru envisageable de me maltraiter. Devant mes enfants. De leur hurler des insanités à la figure. Ce n’est pas moi c’est le Con qui a pensé que il avait le droit de faire de moi une statistique (pour rappel, 1 femme sur 10 est victime de violences de la part de son conjoint au cours de sa vie, pour ceux qui me connaissent, ben voila, coucou c’est moi). Les détails, ça ne sert à rien. Vous pouvez juste retenir que je n’ai pas vécu un calvaire de 10 ans, car je ne suis pas restée. Je suis partie avec 1 sac et mes 2 enfants. J’ai juste fuit. Merci au revoir monsieur Con, ça ne m’intéresse pas.

Et c’est là que le cauchemard a commencé. Le vrai cauchemard. Celui qui dure. Celui qui vous ronge le sang et l’energie. Celui qui fait honte. Celui qui épuise. Il faut trouver un logement. Et ce blog, ce sera mon défouloir pour vous raconter mes déboires. Parce que franchement, j’en rigolerais peut être dans 10 ans, mais là ça me fait plutôt pleurer vers 5h du matin, avant que les enfants ne se réveillent.


Je cherche donc un 2/3 pièces, à Paris, au moins 40m2, pour moins de 1200EUR. Si possible proche du quartier de Belleville Saint Maur dans le 11eme, car avec tout ça, je ne veux pas me gargariser d’habiter à Boboland, je veux juste rester proche du quartier ou mes enfants ont leurs copains et leurs repères. Et voila par quoi je passe.